
Aller voir Alain Bashung sur scène en 2008 impose à chaque spectateur une question : vais-je au concert pour entendre l’un des artistes français majeurs des 30 dernières années qui vient de sortir un bleu pétrole de toute beauté (mon album "chanson française" de l'année dont je vous ai déjà parlé ici

« Je vous souhaite un bon voyage ». C’est par ces mots qu’il entame son concert.
En redingote noire sur une chemise blanche ouverte, la guitare noire en bandoulière, il entame seul "Comme un lego", la sublime chanson que Gérard Manset lui a composée pour son dernier album. Et si l’homme semble effectivement diminué, il reste la magie de la voix qui emporte déjà tout sur son passage : grave, puissante, profonde, elle nous envoute, nous emmène loin, soutenue par ses mots, ses phrases scandées comme une obsession à vivre encore... Ses musiciens, batterie, bassiste, guitariste et violoncellistes sont bien sagement installés derrière lui, entrent progressivement en scène. Tout le monde semble attentif à créer autour du chanteur un environnement protecteur.
« Je vais vous faire des chansons que vous connaissez et puis vous faire découvrir quelques nouvelles », lance l'artiste avant d’attaquer "Je t’ai manqué", ma chanson fétiche du dernier opus.
Au bout de quelques morceaux, Bashung abandonne le tabouret qui a été installé au milieu de la scène à son intention et les premiers grands frissons parcourent le public pour ne plus s'arrêter pendant 1h40 de concert. Seule fantaisie, que le bonhomme s’accorde, la venue sur scène de sa dispensable compagne, Chloé Mons... pour le reste, quelle émotion... Quel bonheur musical !
Une image forte me revient à la mémoire : pendant toute la durée du spectacle, Il se tient légèrement en arrière, les épaules entrées et fait parler ses mains devant lui. Gainsbourg semble l'habiter aujourd'hui encore plus que jamais, mains relâchées qu’il laisse exprimer tout ce que ses chansons racontent. Entre chaque morceau, Bashung se recule de quelques pas et salue le public, la main sur le cœur, exactement comme le faisait cet été Léonard Cohen durant son concert à Fourvière. L'effet visuel et émotionnel est saisissant pour quelqu'un qui aime autant que moi ces trois artistes.
Bref, Alain Bashung en 2008, un spectacle d’une magie de très, très grande classe !