Baaaahh oui, c'est gagné Moune ! A toi le nouveau Quizz !Je ne peux en effet que conseiller le très bel ouvrage dédié à mon maitre absolu de l'humour : PIERRE DESPROGES. Vingt ans après sa disparition, Desproges est en effet remis en lumière au Seuil sans qu'il ait pris une ride. Tout y est... De ses «brèves» publiées dans L'Aurore dans les années 70, à ses Chroniques de la haine ordinaire parues en 1987, Tout Desproges paraît en un seul volume, accompagné d'un cahier hors-texte d'une cinquantaine de photographies de l'auteur pour la plupart inédites, et d'un DVD offert qui contiendra des interviews marquantes réalisées par l'auteur, des extraits de ses spectacles, et des images de comédiens qui se situent dans l'héritage de Desproges. Peut-être n'aurait-il pas aimé la célébration et les hommages dont il est aujourd'hui l'objet, mais, vingt ans après sa disparition, Pierre Desproges demeure un artiste dont la liberté de ton nous manque...
Le mérite de cet imposant volume qui réunit tous ses écrits est de montrer qu'il était d'abord un homme de lettres. La cohérence et la singularité de son univers m'impressionnent. Goût de l'absurde, noirceur et violence du trait, regard mêlant observation du réel et décalage poétique : le style Desproges va bien au-delà des formules et autres citations listées comme un catalogue sur Evene.
Face aux belles âmes, aux vaniteux, aux mièvres, aux précieux ridicules, Desproges maniait l'éclat de rire comme une thérapie. Un rire qui continue de résonner à chaque fois que je me replonge dans cet univers jouissif à souhait. Ne faites pas semblant de connaître Desproges, tout ça parce que vous vous souvenez vaguement avoir vu des extraits de ses spectacles dans une émission pré-réveillon sur france 3, entre deux sketches de Guy BEDOS et Thierry Le LURON. Faites moi confiance. : lisez Desproges !
Et tiens, puisque vous êtes sages, Je vous joins un texte tout à l'image que j'ai de son auteur : BRILLANT !
Les bonnes manières à la guerre
Quand un Inférieur croise un Supérieur, l'Inférieur doit saluer le Supérieur.
Cette charmante coutume s'appelle le salut. Pour saluer, l'Inférieur porte sa main droite là, en mettant les doigts comme ça. Quand un Supérieur entre dans la chambre d'un Inférieur, ce dernier doit saluer en bombant le torse. S'il n'a plus de torse, comme cela arrive à la guerre, il doit bomber les genoux, ou n'importe quoi de bombable. C'est la position du garde-à-vous. Dans le garde-à-vous, on doit mettre le petit doigt sur la couture du pantalon, et les pieds comme ça.
Attention : avant de saluer un Supérieur, il faut être sûr que c'est un Supérieur. Un Supérieur est un Gradé. Un Gradé se reconnaît au nombre de ses burettes. Plus le Gradé a de barrettes, plus le salut doit être servile.
Le salut est très joli. L'Inférieur doit y mettre beaucoup de respect pour le Supérieur, sauf en cas d'attaque thermonucléaire, où le salut pourra être effectué un peu plus vite.
Après le salut, il arrive que le Supérieur s'adresse à l'Inférieur. Celui-ci doit alors répondre en tournant humblement son béret dans ses doigts gourds.
À un général, on dit «mon général». À un colonel, on dit «mon colonel».
À un adjudant, on dit «mon adjudant».
À un deuxième classe, on dit «ta gueule», à condition d'être adjudant.
L'ennemi : pour quoi faire ?
À la guerre, l'ennemi est très important, pour ne pas dire irremplaçable. C'est même l'élément le plus totalement irremplaçable de la guerre.
En cas de pénurie de tromblons, on pourra avantageusement s'entretuer au glaive, au bazooka, à l'énergie nucléaire, voire à coups de microbes pathogènes. Car les armes, Dieu merci.
- Y a pas de quoi !
- Mais si, mais si. Car les armes sont remplaçables. Mais pas l'ennemi.
Sans l'ennemi la guerre est ridicule.
Une guerre sans ennemi c'est comme un match de football sans ballon : l'homme ne sait sur qui taper, et il s'étiole, et il se ravale bientôt au rang de la bête, et c'est ce qui s'appelle la paix, du nom de la rue du même nom, qui est d'ailleurs elle-même assez souvent ravalée.
Comment reconnaître l'ennemi ?
Il est très important de reconnaître l'ennemi. Un ennemi qu'on ne reconnaît pas, c'est comme pas d'ennemi du tout, j'en frémis rien que d'y penser.
Le généra] Gamelin, qui faillit mourir à la guerre, avait coutume de dire à sa soubrette Josiane, dont il n'a jamais reconnu l'enfant qu'il lui fit : «Un homme qui ne reconnaît pas l'ennemi est un con.» Après quoi, il avait coutume de lui faire un autre enfant qu'il ne reconnaissait pas non plus.
Voici quelques critères de base permettant à coup sûr de reconnaître l'ennemi :
L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui ! J'en ris encore !
L'ennemi a des oreilles.
L'ennemi n'est pas contagieux. D'accord, mais il est héréditaire.
L'ennemi est sournois : quelques fois l'ennemi est dans l'escalier, pour faire croire que c'est la concierge qui revient de suite.
Plus d'infos chez l'agitateur de talents, là
http://livre.fnac.com/a2195342/Pierre-Desproges-Tout-Desproges?Mn=-1&Mu=-13&Ra=-1&To=0&Nu=1&Fr=0