
Jazz à Vienne est un vrai festival de Jazz. De ceux où les premières parties enthousiasment autant que les têtes d'affiche.
En juin dernier, lors de la première partie du concert de la divine Diana Krall, Avishai Cohen s'était montré à la hauteur de nos désirs. Appelé en remplacement de dernière minute, j'avais alors eu la grande chance de découvrir ce contrebassiste israëlien qui n'avait pu se présenter qu'avec Sam Barsh au piano, le batteur Mark Guilliana n'ayant pu se libérer.
Petit aparté: Si vous allez au théâtre antique de Vienne, ne redoutez pas de vous retrouver haut dans l'arène, loin des musiciens. Le jazz est (trop?) rarement spectaculaire et en essayant d'être le plus près possible, vous risquez de vous priver du spectacle du coucher du soleil sur l'horizon magnifique qui fait face au théâtre.
Voilà d'ailleurs en fichier joint une piètre photo prise avec mon portable à cette occasion, histoire d'illustrer mes propos.
En admirant donc les couleurs changeantes du ciel, l'apparition des premières étoiles et les oiseaux qui tourbillonnent, le véritable aficionado du jazz ne pouvait manquer de se faire cette réflexion empreinte de sagesse: "Le piano et la contrebasse, que c'est beau !".
La contrebasse accompagnait le piano autant que l'inverse dans des compositions à la fois douces et puissantes. Avishai Cohen avait pallé même l'absence de rythmique en tapant sur son instrument à la manière d'Andy McKee (si vous ne connaissez pas, vous devriez). Beau mais trop court...
Ayant fait ses armes aux côtés de Chick Corea, on ne pouvait que prédire à Avishai Cohen un grand destin musical. En 1996, deux ans après avoir atterri à New York avec la guitare basse de son adolescence et la contrebasse de son passage par l'armée, alors qu'il se produisait dans de petits clubs de Big Apple, le génie aux 10 Grammy Awards le repérait et le signait.
L'Israélien rejoignait ainsi la formation Origin, le fameux sextet de Corea, pour une aventure qui allait s'avérer épanouissante pour les deux artistes : Avishai Cohen apportant un souffle nouveau en même temps qu'il profitait d'un berceau jazz inespéré pour grandir.
Apprivoisant la performance scénique et le contact avec le public, développant ses qualités de compositeur, Avishai Cohen découvre les plus belles scènes du monde et accompagne les plus grands, notamment : Herbie Hancock, Roy Hargroce, Alicia Keys...
Après quatre albums publiés sur le label de son mentor, il décidait de partir en solo pour explorer ses propres pistes. D'où la création de son propre label. Il continue à alimenter sa renommée internationale à mesure qu'il explore ses racines et les possibilités de métissages musicaux, avec une sensibilité profonde et subtile. J'ai eu l'occasion de découvrir en live, lors du récent enregistrement à Paris de l'émission "One Shot not" qui sera diffusée en juin prochain (plus d'infos sur l'émission, ici : http://pilpoildujour.free.fr/phpBB3/viewtopic.php?f=24&t=49) 2 titres magnifiques de son nouvel album, Aurora (label Blue Note), pierre angulaire du jazz d'Avishai, au carrefour des cultures historiques et musicales : l'émotion vocale, conduite en plusieurs langues (hébreux, anglais, espagnol...), trouve un réceptacle vivace et cosmopolite dans les arrangements des morceaux - percussions créatives, piano transcendé, cordes insatiables...
Parmi ses nombreuses dates programmées en France dans les semaines à venir, deux Bataclan (les 10 et 11 avril pour le Festival Blue Note) : un complet, une date ajoutée. Aurora projette sur le jazz toute la clarté crue, rafraichissante et euphorisante du matin d'un nouveau jour.
Plus d'infos sur le site officiel de "l'autre" COHEN, ici http://fr.avishaicohen.fr/blue_note/avishai_cohen/aurora/discographie