
C'était un rendez-vous de désamour. Un coup de foudre à l'envers. Un adieu peut-être.
Gabriel attend Sandrine sur un quai de RER. Si elle ne vient pas, c'est la rupture. Si elle vient, c'est un nouveau départ. Mais dans la rame bondée, d'autres personnages se sont fixés d'autres rendez-vous. Et au fil des secondes, les destins se mêlent.
Une belle phrase d'Aragon mise en exergue au livre de Pierre Charras :
"Et ce n'est que beaucoup plus tard que l'on saura le mal qu'on eut"
c'est un roman de hasard... celui de la fin d'un été qu'on croit pouvoir lire en quelques heures de train parce qu'il parle de séparation et ressemble à prime abord à un livre de vacances... 150 pages pour ce qu'on croit n'être qu'un roman de rupture, l'essence du rapport amoureux et la douloureuse désillusion de la séparation, un roman qui réunit l'usure des sentiments et le regret de ce que ça aurait pu être, les conséquences au quotidien, tout ça entrevu en quelques secondes, dix-neuf justement, l'autopsie d'une relation en quelque sorte.
Et à la place, c'est bien autre chose, un livre que j'ai lu au "goutte à goutte", en essayant de reculer au maximum ce compte à rebours vers lequel l'histoire nous projette inéluctablement.
L'histoire, la voilà : un couple lambda, Sandrine et Gabriel, vit ensemble depuis vingt-cinq ans. Ca fait un bout, et visiblement, un bout trop long. En guise de dernière lâcheté, ils décident d'un jeu. A la station Nation, Gabriel attendra que Sandrine ne descende pas du RER pour considérer que leur relation est close. Parce qu'évidemment, ils vont se quitter, elle sait parfaitement qu'elle ne mettra pas un pied en dehors de son train de banlieue et il le sait aussi.
Dix-neuf secondes, qui font basculer la vie de ce couple en question et de tous ceux qu'ils vont croiser ce jour là dans cette rame de RER.
Pas envie de vous en dire plus : des fois la vie c'est beau, des fois c'est moyennement supportable et des fois c'est chiant, mais que dans tous les cas, c'est toujours mieux que la mort.
Dix-neuf secondes, de Pierre Charras, aux éditions Gallimard (Folio).