Dans le Paris d'aujourd'hui, ce Paris qu'on aime tous arpenter la nuit tombée, un enfant et sa jeune mère dorment dehors. Nina est sans emploi, ni attaches. Enzo a 5 ans. Leur errance les conduit à Versailles. Dans les bois, tout près du château, un homme vit dans une cabane, retranché de tout. Damien. Nina passe une nuit avec lui. Au petit matin, Nina laisse l'enfant et disparaît. À son réveil, Damien découvre Enzo, seul. Au fil des jours, des saisons, l'homme et l'enfant vont se découvrir, s'apprivoiser, s'attacher. Leur lien sera aussi fort que leur dénuement. Un jour pourtant il faudra quitter la cabane...
j'ai adoré ce film. Un film sombre, au sens figuré, puisqu'il raconte l'histoire d'un enfant et d'un sans-abri, et sombre aussi au sens propre : beaucoup de scènes sont tournées de nuit ou au petit matin, dans le clair-obscur. Un film pourtant plein de vie et d'amour, sinon d'espérance. L'histoire est admirablement servie par un Guillaume Depardieu véritablement "habité", flottant dans les vêtements élimés et crasseux d’un écorché vif rejeté par la société. A moins que ce ne soit l’inverse ?
L’idée consistant à faire vivre au milieu des bois à un jet de pierre du château de Versailles une petite cour des laissés pour compte, constitue l’une des réussites de ce film. Le faste d’autrefois cohabitant avec la misère d’aujourd’hui.
La rencontre fortuite de ces deux marginalités nous ramène vers The Kid de Chaplin, à cette même « paternité de circonstances ».
Qui a le plus besoin de l’autre, finalement ? L’adulte qui n’attend plus rien de l’existence, ou l’enfant dont l’avenir ne peut – et ne doit - pas se résumer à dormir dans des cartons d’emballage ?
